L’ARTISTE

« En peinture, les coups de pinceau doivent servir d’appâts pour saisir l’attention et éveiller la curiosité.

Ils sont là pour dissimuler un mystère, incitant à l’exploration ou à la révélation des facettes cachées de l’œuvre. Cette approche engage le spectateur tant sur le plan émotionnel qu’intellectuel. En tirant parti de la quête naturelle de sens, elle amplifie l’impact de l’art.

L’artiste, maîtrisant habilement cette expérience, devient le guide et peut mener le spectateur où il le souhaite. »

lucien adami 

 

Mon parcours artistique a pris un tournant décisif sous l’influence du peintre Philippe Le Jeune, maître du sacré, dont la vision unique de l’art m’a initié à des concepts profonds, bouleversant ma manière d’aborder la création. Il m’a ouvert les portes du symbolisme des Nabis et m’a fait découvrir la puissance mystique de Maurice Denis. Ce lien avec la spiritualité dans l’art est devenu une part essentielle de mon travail, nourrissant un dialogue constant entre le visible et l’invisible, où chaque détail recèle une symbolique cachée, une allusion aux mondes au-delà de la matière.
J’ai développé un processus créatif qui dépasse la simple technique, en cultivant une révérence intellectuelle pour les grands maîtres qui ont façonné mon propre parcours. Ce qui m’a toujours guidé, c’est avant tout la quête d’une émotion surgie de la toile, ces moments où l’œuvre devient une fenêtre ouverte sur des vérités intérieures. L’art, pour moi, est un voyage où chaque peinture se transforme en un espace sacré, une méditation sur la réalité et ses multiples couches.
Mon travail se situe à la croisée des chemins tracés par mes trois maîtres :
• Velázquez, pour son intelligence artistique et son incroyable capacité d’observation, m’a appris à voir au-delà des apparences et à sonder les profondeurs de l’âme humaine à travers chaque portrait.
• Caravage, pour son utilisation audacieuse du clair-obscur et son attachement viscéral au réel, a nourri en moi un goût pour le réalisme dramatique et la provocation. La lumière et l’ombre deviennent des symboles d’un combat permanent entre l’existence crue et l’introspection.
• Gauguin, par son exploration novatrice de la couleur et des formes, m’a poussé à rompre avec le réel. Son œuvre, perçue comme un voyage spirituel, m’invite à explorer des dimensions plus mystiques, à réinventer les règles de la perception et à faire de chaque tableau une invitation à l’exploration intérieure.
Chacun de ces maîtres a repoussé les limites de l’art de son époque, laissant un héritage qui continue d’inspirer mon propre rapport à la réalité. Ainsi, mes créations s’inscrivent dans une quête perpétuelle de la vérité, où l’émotion surgit pour révéler ce que l’intellect seul ne peut saisir.
Aujourd’hui, mon chemin artistique m’amène vers de nouvelles explorations, où l’univers médiéval occupe une place grandissante. J’y puise une richesse narrative et une profondeur intemporelle, tout en jouant avec des anachronismes permanents, où passé et présent se rencontrent et s’entrechoquent. À travers les enseignements de Velázquez, Caravage et Gauguin, je cherche à transcender la simple image, pour faire de chaque œuvre un espace sacré de réflexion, un miroir de l’âme humaine suspendu entre différentes époques, sans jamais m’enfermer dans une seule.
Lucien Adami